mercredi 24 août 2011

Un moment dans les pommes...


Ce matin, j’ai le privilège de vous partager un cadeau qui m’a été offert lors de nos intensifs d’été par une belle et grande femme, son nom est Anne-Hélène Chevrette. Elle est une artiste et je vous invite à entrer avec moi dans son monde imaginaire.

« Avez-vous déjà rêvé de tomber dans les pommes, non pas pour rire, mais pour de bon? En tout cas mon amie Evelyne, elle m’en parlait tout le temps. Quand nos mères jasaient sur le coin de la porte avant de nous ramener à la sortie de l’école, elle me disait psst, et si je tombais dans les pommes, là, tout bonnement, ça leur ferait tout un effet! Et moi, qui étais si timide, j’esquissais un sourire en coin pour lui faire plaisir… Je l’aimais bien Evelyne, c’est comme si elle voyait derrière mes yeux. Je crois que, sans elle, j’aurais été encore plus disparate, toujours prête à disparaître… Mais il y avait quelque chose de bien mystérieux dans son vœu de compote, dans son vœu de cœur de pomme, je me suis souvent demandé si ça venait de ses joues qui devenaient cramoisies en un instant, ou des pépins de la vie, de sa petite vie.

Cette vie à côté de la mienne qui aurait eu envie parfois de s’envoler, comme ça, juste pour le plaisir de rêver, jusque par-dessus les nuages. Maman dit que c’est si beau lorsqu’on les voit du dessus en avion… ce doit être tellement confortable, comme de la compote, finalement! Ce que j’ai oublié de vous dire, c’est que dans la classe, elle et moi, on étouffait! L’institutrice refermait derrière elle chaque matin la lourde porte de bois et commençait à faire le ménage dans nos têtes : brosse, plumeau, aspirateur, tout était bon pour la transformation! Elle s’appliquait ainsi chaque jour, s’étant promis de faire de nous de parfaites demoiselles! Ensuite elle s’appliquait à aligner les mots de son vocabuldozer sur le tableau et leur ordonnait de pénétrer profondément dans nos crânes vernis. Pas une frisette de travers, pas un pli dans le costume. Et nos grandes dames de mères avaient tellement confiance en elles, et nous, on en avait marre de tout ce régime.

Par la fenêtre apparaissaient des flocons de nuages et des pieds-de-vent lumineux si invitants que l’une après l’autre ou les deux à la fois, nous nous échappions par la fenêtre, au grand air. Et là, au son d’une musique féerique, nos corps s’élançaient dans les airs et se libéraient de leur costume étroit. Je pouvais voir Evelyne se laisser aller, vers l’arrière, comme une acrobate et là j’imaginais la montagne de pommes qui allait l’accueillir. C’était léger, magique, aléatoire et tellement balnéaire…

Et si on ne revenait pas dans la classe, dit Evelyne, si on allait ailleurs ensemble dans une grande bibliothèque, on pourrait se faire la classe toutes les deux! Et les récréations seraient longues, dans le bois ou au bord de l’eau, et on trouverait à mesure les savants-fous qui nous prêteraient leur passion d’apprendre, au hazard des rencontres, et on mangerait des framboises dans les bosquets… Et c’est alors que retentissait la voix aigre de Madame Dubuc : les filles, la réponse s’il-vous-plaît! Quelles distraites vous faites : de l’ordre, de la discipline, voilà ce qui vous aidera dans la vie! Moi, je n’osais rien penser devant cette autorité implacable, de mon voyage détrônée, j’en avais le corps figé. Et Evelyne, de son trône d’étudiante stupéfiante me faisait encore ce psst, et si je tombais dans les pommes! Et j’espérais qu’un jour elle le ferait, qu’elle offrirait une telle surprise à la maîtresse, qu’elle serait aspirée par le tableau, et deviendrait une série de phrases insipides que l’on efface à la fin de la journée. Pensez-vous que cela pourrait arriver? »

Merci Anne-Hélène…

Vous ne savez pas encore, mais en même temps que j’écrivais son texte, une idée a germé dans ma tête. Je lance l’idée, pour ceux et celles qui aiment l’écriture… je souhaite une fois par mois publier sur mon blog www.lereveildemaryse.com un de vos textes métaphoriques. Dans un but de partager nos différences pour mieux se rassembler. Ensemble jouons avec les mots… les mots ont plus d’un sens, le vôtre, le nôtre et ceux des autres… Je vois l’opportunité d’échanger nos points de vue, notre façon de voir et d’écouter ce que ses mots expriment pour chacun d’entre nous. Un enrichissement d’une grande valeur lorsque nous entrons dans le modèle du monde de l’autre et très souvent un mot véhiculé et saisi d’une autre façon nous aide à mieux comprendre l’autre pour mieux se comprendre. Si l’idée vous enchante, attrapez le lien et créons cet espace ensemble.
Je vous dis merci et je vous souhaite une belle semaine.

Maryse

www.lereveildemaryse.com
www.coaching-quebec.com
courrier@lereveildemaryse.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire